mercredi 28 février 2018

Heartless - Marissa Meyer




Lady Catherine Pinkerton est la fille du Marquis des Six Mini-Tortues. Elle rêve d'ouvrir la plus grande pâtisserie du Royaume avec sa meilleure amie et domestique, Mary, tandis que ses parents n'ont qu'un désir : la voir mariée au Roi qui semble tout disposé à faire d'elle la Reine de Cœur. Elle aurait pu se résoudre à abandonner ses espoirs pour remplir son devoir et honorer sa famille si son chemin n'avait pas croisé celui de mystérieux Joker.
Par où commencer? La plume de Marissa Meyer est toujours un enchantement. Ayant découvert Les Chroniques Lunaires en 2014 avec Cinder, c'est depuis lors que je traque chaque sortie de l'auteure en France. Heartless me tentait énormément. Je ne suis pas une grande admiratrice de Alice au Pays des Merveilles pourtant, la perspective d'un préquel consacré à la Reine de Cœur avant qu'elle ne devienne celle que nous connaissons désormais m'a immédiatement séduite!
Je me suis vite attachée et identifiée au personnage de Cath, cette jeune femme qui rêve d'une vie simple dans laquelle elle pourrait exercer sa passion au quotidien. Elle est doté d'un caractère affirmé et cela n'est pas en contradiction avec son désir de plaire à ses parents, de les rendre fiers, d'honorer le devoir qui incombe à son rang. Alors elle ne cesse de repousser l'échéance, d'espérer qu'une autre solution satisfaisante pour tous s'offrira à elle. Catherine n'est ni une super héroïne badass ni une femme désespérément passive, c'est une personne profondément humaine qui se soucie des sentiments de tous ceux qui l'entourent, parfois au détriment des siens.
Ces sentiments qui naissent pour Badin et que l'on observe grandir et s'épanouir peu à peu sont l'expression même du premier vrai grand amour, celui qui donne des ailes et permet de surmonter tous les obstacles.
L'auteure nous dissémine ici et là bon nombre de clins d’œil à l’œuvre de Lewis Carroll, tant par l'intégration de personnages incontournables qu'au travers de petits détails ayant trait à l'absurde que l'on ne retrouve que dans cet univers merveilleux. 
Elle semble avoir un penchant tout particulier pour l'aspect culinaire du Pays des Merveilles! En plus d'en faire la passion de son héroïne, Marissa Meyer fait référence à la pâtisserie tout au long de son récit si bien qu'un lecteur débarquant en plein milieu du roman pourrait confondre le soupirant de la future Reine avec un dessert tout simplement irrésistible. A ce propos, ladite dame ne cache aucunement son amour pour le sucre et refuse de s'en priver selon le souhait de sa mère (discrète manifestation de body positive?). Bref, cette lecture est un régal!
S'il est une seule chose que j'aie pu regretter dans Heartless, c'est que l'on en sache autant sur Cath (ce qui est un excellent point la concernant) et si peu sur Badin. Néanmoins, le lecteur étant totalement accaparé par le point de vue de son héroïne, il est normal qu'il n'en sache pas plus qu'elle-même sur le charmant individu qui fait battre son cœur.
Bien malheureusement pour ce récit, il est impossible d'ignorer la fin. L'inéluctable dénouement s'approche un peu plus à chaque page tournée et le lecteur n'en est que plus meurtris (pour les fans de Star Wars qui se reconnaitront, c'est un peu comme voir pour la première fois l'Episode III : La Revanche des Sith). On a beau s'y attendre et être parfaitement préparé, les dernière pages sont déchirantes et vous laisseront peut-être en morceaux. Courage...

Heartless est une passionnante histoire sur la jeunesse de la Reine de Cœur, dotée de personnages hauts en couleur et forte d'un univers riche et foisonnant de références à l’œuvre dont elle puise son inspiration. Marissa Meyer prouve une fois de plus qu'elle peut faire des merveilles en s'appropriant les contes classiques pour les remanier à sa propre sauce. Vivement la prochaine fois! 

samedi 24 février 2018

Black Panther (2018) - Ryan Coogler



Après les évènements qui se sont déroulés dans Captain America : Civil War, T'Challa revient chez lui prendre sa trace sur le trône du Wakanda, une nation africaine technologiquement très avancée. Mais lorsqu'un vieil ennemi resurgit, le courage de T'Challa est mis à rude épreuve, aussi bien en tant que souverain qu'en tant que Black Panther. Il se retourne entrainé dans un conflit qui menace non seulement le destin du Wakanda, mais celui du monde entier...
Pour la première fois depuis longtemps, je ne suis pas ressortie du cinéma en me disant "j'ai vu un autre Marvel". Ces films, je n'arrive même plus à les distinguer les uns des autres, tout se mélange, les scénarios se ressemblent, c'est toujours divertissant mais manque clairement d'originalité. Puis il y a eu Black Panther, un film de super-héros avec une vraie personnalité, des personnages forts et de véritables questionnements qu'on n'a pas l'habitude de croiser dans ce genre de blockbuster.

Tout d'abord on a un héros complexe, intéressant, qui n'est pas tout puissant et doit faire ses preuves pour accéder aux pouvoir du Black Panther. Il n'est pas infaillible et nous le montre plusieurs fois avant de se relever à nouveau, fort du soutien de ceux qui croient en lui. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, chacun a ses objectifs, son propre combat à mener. Nakia, par exemple, qui préfère venir en aide par ses propres moyens au personnes qui en ont besoin plutôt que de se contenter du confort disponible au Wakanda.
J'ai beaucoup aimé le fait qu'on s'approche plus que dans n'importe quel autre film du genre, d'une parité dans le système établis par le Wakanda. Bon, okay, le Black Panther reste forcément un homme à priori. Shuri est une princesse et même si elle n'a pas accès aux pouvoir du Black Panther son rôle est primordial dans le Wakanda puisqu'elle supervise le travail mené sur les avancées technologiques qui régissent ce royaume. Pour ce qui est des forces armées, il existe un groupe de femmes et un groupe d'hommes de même importance et de même force.

L'autre point fort de ce film, c'est les questionnements qu'il soulève, les dilemmes face auquel il amène ses personnages à se confronter. Partager les savoirs et possibilités du Wakanda avec les pays en difficulté ou préserver le secret afin de ne pas prendre le moindre risque d'exposer leur nation? Se battre pour son devoir ou ce qui est juste? Vivre prisonnier ou mourir libre? De plus, le "méchant" de l'histoire a de véritables motivations, un motif de vengeance crédible et non pas pour seule ambition de contrôler le monde. 

Vous l'aurez compris, c'est un sans faute pour moi! J'ai passé un excellent moment d'action, d'émotion et de réflexion le tout dans un condensé de divertissement qui ne tient pas que par ses effets spéciaux mais grâce à un ensemble cohérent et captivant.  

lundi 12 février 2018

Wild Heart - Lily Haime


« Es-tu en colère Gabriel ? »
Cette question, le docteur Grant la lui a posée pendant trois ans, à chaque début de séance, durant toute sa détention au centre correctionnel de Red Wing. Quand Gabriel en sort, elle reste dans sa tête comme un disque rayé.
Bien sûr qu’il est en colère, il l’a toujours été – et il l’était surtout au lycée, où il voyait Vicky, ce garçon un peu trop souriant, un peu trop heureux. Ce garçon aux habits colorés, aux yeux gris, et qui semblait le regarder différemment. Un jour, Gabriel l’a poussé un peu trop fort. L’instant d’après, Vicky gisait au bas d’un escalier, sa jambe brisée. Handicapé, à jamais...
Depuis qu’il est sorti du centre correctionnel, Gabriel essaie de refaire sa vie. De travailler dans un garage. De renouer des liens avec sa sœur. Il écrit des lettres, aussi, des lettres d’excuse qu’il n’envoie jamais. Il se bat pour trouver un certain équilibre et contrôler cette rage qui le dévore... jusqu’au jour où, par hasard, sa route recroise celle de Vicky.
Une romance qui m'a fait chavirer le cœur à maintes reprises. Et n'a fait que confirmer mon attachement à la plume de Lily Haime.
Comme j'ai aimé Gabriel! Cet être de colère et de souffrance qui n'a à offrir que ce qu'il a connu : la violence. Il pense pendant bien trop longtemps n'avoir rien à perdre et n'être rien pour personne. Pourtant, il va réaliser peu à peu la valeur de tous ces individus qui d'étrangers, sont devenus des proches, habitants l'air de rien son quotidien.
Puis il y a Vicky. Leurs perpétuelles confrontations, ces provocations incessantes, cette passion qui les anime, cet amour dévorant qu'ils s'adressent. Car il est bien question d'amour. Un amour électrisant qui prend naissance des années auparavant, alors que Gabriel ignore tout de la signification de ce mot. Cela commence par une intrigue, une fascination inexplicable pour l'autre puis cette nécessité de faire partie de son existence d'une manière ou d'une autre. Un coup de foudre? Certainement. Mais il est long le chemin qui mène à l'acceptation d'un sentiment qui crée autant de force que de faiblesse. 

Je regrette quelques petites choses dans cette histoire, notamment cette impression de ne pas tant connaître Vicky, car c'est dans les pensées de Gabriel que le lecteur se perd. Il est dur de comprendre ses paroles et comportements tant ils sont survolés. Mais cela ne m'a pas empêchée de beaucoup, beaucoup m'y attacher. Aussi, je n'ai parfois pas trop compris la volonté de certains personnages de vouloir changer la nature profonde ou les habitudes de la personne qu'ils aiment. Quand on aime quelqu'un, n'est ce pas entier, avec ses forces et ses travers?

J'ai beaucoup aimé le fait que Gabriel se moque d'être qualifié d'"homosexuel" ou "hétérosexuel". Il aime Vicky, lui seul, et c'est tout ce qui importe. Même s'il nous fait part de ses longues introspections, son mode de pensée est assez simple : il y a ceux qui comptent, et les autres. Sa famille n'est pas forcément celle du sang, mais aussi celle qu'il s'est bâtie, ces gens qui l'accompagnent, l'épaulent, le soutiennent envers et contre tout.

S'il est un sujet central dans Wild Heart, c'est bien la culpabilité. Le pardon. Le droit d'aimer et d'être aimé. La peur de faire souffrir, de ne pas être à la hauteur. Toutes ces questions qui hantent Gabriel dont les émotions sont en permanence poussées à l'extrême et cela va de la haine à l'amour dans lesquels il se donne tout entier, corps et âme. Et c'est un plaisir de le voir évoluer, changer, s'autoriser à vivre et être heureux tout en restant lui avec sa fougue et sa passion.  

Qu'importe que le schéma si connu des disputes et séparations suivies de réconciliation sous la couette (ou dans l'ascenseur) se répète, Gabriel et Vicky sont tellement beaux en étant eux que j'ai adoré les laisser m’embarquer dans leurs interminables querelles tant que je savais qu'elles prendraient fin ainsi. Parce qu'ils s'aiment sans raison, à la folie. 
Et que l'amour surmonte tous les obstacles, même les plus hautes montagnes à gravir (c'est pas moi qui le dit c'est la loi fondamentale de la Romance, na!). Ce livre nous offre de la joie, certes, mais aussi beaucoup de peine et les derniers chapitres se révèlent très, très douloureux. Pourtant, la conclusion n'en est que plus belle et porteuse d'un avenir plein d'espoir.

En somme, Wild Heart est une magnifique romance qui nous submerge sous un flot d'émotions toutes plus tendres et violentes les unes que les autres. Et puis... quelle plume! Je ne compte pas le nombre de citations qui m'ont frappée en plein cœur et que je conserve précieusement dans un carnet depuis. Un magnifique moment de lecture parcouru de personnages hauts en couleurs et attachants que l'on peine à quitter. Une magnifique histoire d'amour qui va m'accompagner encore longtemps... 

mercredi 7 février 2018

Les soeurs Carmines, Tome 1 : Le complot des corbeaux - Ariel Holzl



Merryvière Carmine est une monte-en-l'air, un oiseau de nuit qui court les toits et cambriole les manoirs pour gagner sa vie. Avec ses sœurs, Tristabelle et Dolorine, la jeune fille tente de survivre à Grisaille, une sinistre citée gothique où les mœurs sont plus que douteuses. On s'y trucide allègrement, surtout à l'heure du thé, et huit familles d'aristocrates conspirent pour le trône. Après un vol désastreux, voilà que Merry se retrouve mêlées à l'un de ces complots! Désormais traquées, les Carmines vont devoir redoubler d'efforts pour échapper aux nécromants, vampires, savants fous et autres assassins qui hantent les rues...
Quel bonheur, cette lecture ! On plonge dans un univers travaillé, inspiré de l'époque victorienne, baigné de fantasy, où se rencontrent goules et vampires de tous rangs. Les périples des sœurs Carmines sont menés par une plume acérée et un humour mordant si bien qu'on ne voit pas le temps passer. Même si l'intrigue est plutôt centrée sur Merry, on prend le temps de faire la connaissance de Tristabelle et Dolorine
J'ai beaucoup aimé Merry, rongée par la culpabilité et forte d'une volonté de faire ses preuves. En permanente rivalité avec sa sœur, elle n'en oublie pas celle qu'elle est et n'hésite pas à faire entendre sa voix. Elle reste, de ce que j'ai lu, la moins "inquiétante" des trois sœurs. Il faut dire qu'elle est sacrément bien entourée, entre Tristabelle qui semble être une sociopathe prête à sacrifier des vies pour obtenir la dernière toilette à la mode et Dolorine qui oscille entre la mignonne petite fille et l'effrayante enfant dont les seuls amis sont des fantômes et une poupée maléfique.
C'est aussi ce qui m'a plu, dans ce roman. L'alliance de cette ambiance macabre, drôle et étrange à la fois, et d'un complot royale auquel toute la noblesse de Grisaille semble avoir pris part.
Chaque description, chaque rebondissement et chaque dialogue est un délice.
N'hésitez plus un instant, succombez!
Pour ma part, je patienterai comme convenu jusqu'au Livre Paris pour me procurer le second volume qui me fait tant envie...

Le premier tome des Sœurs Carmines est un passionnant roman d'urban fantasy qui saura vous captiver de la première à la dernière ligne, vous emportant sur les traces d'un mystère enfouis par les années, partant des sombres rues de Grisailles jusqu'au sommets des toits de la ville. On en veut encore!

jeudi 1 février 2018

Wonder (2017) - Stephen Chbosky


August "Auggie" Pullman est différent des autres petits garçons de son âge. Quand il sort de chez lui, il porte un casque de cosmonaute pour cacher son visage. A 10 ans, il se rend à l'école pour sa toute première rentrée des classes.
En 2014, ma curiosité a été piquée par l'une des publications de Pocket Jeunesse. Une couverture bleu avec un visage crayonné. Ce fut un énorme coup de cœur qui m'a fait pleuré trop de fois pour que l'on puisse en faire le compte.

Porter ce roman à l'écran n'était pas particulièrement compliqué en soi. Retranscrire la profondeur des émotions affleurant à chaque page nécessitait en revanche un semblant de subtilité, afin de rester dans la bienveillance et ne pas sombrer dans le pathos.
Et pour moi, c'est une réussite!
Bon. Je pense que les scènes d'éclat de rire général ou celle durant laquelle une assemblée se lève pour applaudir tant le héro que le film lui-même pourraient être de trop pour les spectateurs les plus sceptiques. Personnellement, comme pour les scènes de clôture des premiers Harry Potter je chiale tant je suis émue et ne m'en lasse pas!

Je suis assez scandalisée que l'affiche indique les noms de Julia Roberts et Owen Wilson, deux grandes stars du cinéma qui ont certainement permis au film d'être regardé par plus de monde mais dont les rôle ne sont pas pour moi les plus intéressants et qu'on omette Izabela Vidovic, elle aussi membre de la famille Pullman mais malheureusement "inconnue", contrairement à Jacob Tremblay qui avait fait sensation dans Room en 2015. 

Tout ça pour dire que j'ai trouvé cette jeune fille parfaite pour incarner le rôle d'une sœur douce et aimante allant jusqu'à s'oublier pour ses parents et son frère mais qui va peu à peu trouver sa place dans ce système qui ne tourne qu'autour d'August.

Autre coup de cœur : Noah Jupe qui campe un Jack Will à croquer! Sa partie du film/roman est l'une de mes favorites puisqu'on y découvre un garçon au début un brin gêné, qui très rapidement ne fait même plus attention à la particularité de son nouvel ami et se retrouve à l'admirer pour son talent et son humour. C'est une vraie et belle amitié qu'on voit naître, de celles qui vous chamboule et vous font monter les larmes aux yeux (enfin vous je ne sais pas mais moi c'est certain!).

Il y a quelques passages difficiles. De la petite remarque innocente mais blessante à la violence verbale volontairement cruelle, August doit faire face à un monde bien différent du cocon dans lequel il a grandit. Même s'il y a été préparé et déjà confronté, chaque regard et chaque mot lui font mal quand ils lui rappellent qu'il est différent. Mais il va bien évidemment parvenir à faire de cette différence une force et découvrir qu'il a autant besoin des gens qui l'aiment que eux, ont besoin de lui.

J'avais été plus émue par le roman qui, dans mes souvenirs, abordait d'autres aspects de la vie d'August. Il n'y avait pas de manière aussi tranchée "les gentils" et "les méchants". Il était question de la peur que peut susciter la différence parce qu'on ne la connaît pas, on ne la comprend pas. Il n'est jamais aisé, lorsqu'il s'agit d'un roman à ce point centré sur les pensées, sentiments et émotions des personnages, de le porter à l'écran. Cela ne remet pas en question la qualité du film, mais je pense qu'il est intéressant de prendre connaissance des deux supports qui se complètent et s'enrichissent mutuellement. 

Bref, Wonder a beau traiter d'un sujet très dur il nous offre un beau moment de fraicheur et de bonheur qui nous frappe en plein cœur. Et oui, les films "pleins de bons sentiments" sont nécessaires et font du bien. Maintenant que vous êtes prévenus, si vous n'en avez pas encore profité, courez vers le premier cinéma qui en propose une séance et savourez.