samedi 27 janvier 2018

Les petites reines - Clémentine Beauvais

 

Mireille, Astrid et Hakima ont remporté le "concours de boudins" de leur collège. Un titre dont elles se seraient bien passées. Mais plutôt que de s'apitoyer sur leur sort, elles lancent le projet fou de se rendre à Paris en vélo depuis Bourg-en-Bresse, chacune pour une raison qui lui est propre. Elles ne s'attendent pas à ce que toute la France finisse par s'intéresser à ces trois adolescentes qui vendent du boudin à travers le pays, un périple qui ne se fera pas sans imprévus tous plus loufoques les uns que les autres!
La narratrice de cette histoire, c'est Mireille. Elle prend la vie avec beaucoup d'humour (elle vous dirait qu'elle n'a pas vraiment eu le choix), fait preuve tour à tour d'ironie et de cynisme avec la ferme intention de cacher ce qu'elle est vraiment, à savoir une jeune fille dotée d'un grand cœur avec ses rêves et ses espoirs.

Sachez-le d'emblée, dans ces pages, 
pas la moindre guimauve, que du boudin!

Il y avait pourtant de grands risques pour que ce roman sombre rapidement dans le pathos, avec ses héroïnes victimes de brimades au quotidien à cause de leur physique allant jusqu'à les poursuivre chez elles sur les réseaux sociaux. Mais il n'en est rien!
Mireille, les moqueries et autres indélicatesses proférées à chaque coin de rue, elle connait! Elle s'en amuse même et s'en délecterait presque si certains jours la lassitude ne la privait pas de son illustre répartie! L'autodérision dont elle est capable déroute, surprend et choque pour le plus grand plaisir du lecteur qui s'attache un peu plus chaque jour pédalé à cette adolescente dotée d'une langue bien pendue au phrasé instruit.
Elle prend sous son aile Astrid et Hakima pour qui la vie n'était déjà pas si évidente et qui n'avaient certainement pas besoin d'être en plus élues "boudins" du collège! Heureusement, elles vont chacune trouver un but les menant à une destination commune, pareillement à une quête qu'elles accompliront ensemble. Enfin... seulement si le "Soleil", grand frère d'Hakima, les accompagne. A cela, Mireille n'y trouve aucun inconvénient.

Les relations se créent et grandissent, de surprenantes et parfois touchantes rencontres surviennent et un dénouement inattendu nous offrent une lecture teintée de rires et de larmes, d'aventure et d'émotion, de pommes et de boudins. Cette petite pépite de papier nous embarque pour un road trip déjanté et plein de vie à l'humour acidulé et décomplexant qui pointe du doigts, l'air de rien, l'hypocrisie de la société quant aux grands combats de notre époque.

vendredi 26 janvier 2018

iZombie - Saison 3 (2017)


Saison 3 -2017
13 épisodes - 42 minutes
The CW

Olivia Moore était un jeune médecin à l'avenir prometteur et fiancée à l'homme parfait, mais ça c'était avant la soirée qui a tout changé. Depuis, elle est un zombie qui travail comme légiste à la morgue de la Police afin d'assouvir son besoin en cerveaux frais. Et comme elle absorbant la matière grise d'un cadavre elle s'approprie des brides de sa mémoires et certains traits de sa personnalité, elle devient rapidement l'associée de l'Inspecteur Babineaux.  
Déjà la saison 3, et pourtant le plaisir que procure cette série à chaque épisode demeure intact, voire même, s'en retrouve décuplé! Le schéma narratif utilisé ici est semblable à celui de Veronica Mars ou de The Mentalist, deux séries que j'ai aimées à la folie, puisqu'on a droit chaque épisode à une nouvelle enquête tout en maintenant une intrigue générale qui fait tenir la saison toute entière. 

iZombie ne se contente pas de son statut de série divertissante sans prise de tête. Les enquêtes auxquelles est confrontée Liv ont une importance capitale dans l'évolution du personnage et amènent certaines réflexions loin d'être anodines au spectateur. C'est une enquête menée avec l'inspecteur Babineaux qui a permis à Liv de sortir de sa torpeur, de reprendre goût à la vie, se sentir utile dans cette nouvelle vie et ce sont ces mêmes enquêtes qui la font avancer, prendre conscience de l'importance de certaines personnes ou encore d'une réalité qu'elle ignorait.

Lors de la saison 1, on est centré sur Olivia Moore, notre héroïne. Puis petit à petit, les personnages dits secondaires s'étoffent, prennent de l’ampleur, gagnent leur propre histoire. Ces personnages sont riches et intéressants, hauts en couleur, indispensables. Major quitte rapidement son rôle d'ex petit-ami parfait de l'héroïne. Peyton devient bien plus que la meilleure amie, Ravi l'allié, Babineaux l'associé et Blaine le "méchant" de service.
Chacun apprend la vérité sur Liv à un moment différent, décisif et prend la nouvelle avec plus ou moins de difficulté en fonction de sa relation avec elle. Chacun prend ensuite part à l'aventure avec ses propres moyens et finit par jouer un rôle décisif dans l'intrigue qui va peu à peu gagner en consistance lorsque l'on découvrira que les zombies sont bien plus nombreux et organisés que Liv ne l'aurait jamais cru.


C'est alors que commence la saison 3. Une saison qui conserve ses petites affaires criminelles en tout genre durant lesquelles on se délecte sans faim du talent de Rose McIver qui interprète pour ainsi dire un nouveau rôle à chaque fois. On ri à s'en rouler par terre, tant les situations dans lesquelles ces changements de personnalités conduisent Liv sont invraisemblables et truffées de quiproquos tout bonnement hilarants.
Elle reste droite, fidèle à elle-même, se trompe parfois mais finit toujours pas se rappeler de qui elle est. Ce n'est pas le cas de tout le monde puisque d'autres personnages aussi importants qu'attachants vont être contraints d’œuvrer en opposition directe avec leur nature profonde et cela leur apportera bien des tourments... mais aussi des expériences auxquelles ils ne s'attendaient pas et dont ils ne veulent ensuite plus se détacher. 
Le contexte change radicalement dans cette série où certains que l'on a connus humains sont devenus des zombies... et inversement! Car l'éventualité d'un antidote est de plus en plus abordée, mais elle comporte des risques comme la convoitise d'individus malintentionnés. Ajoutez à cela l'armée indépendante de zombie, les complots sous-terrains et la menace qui pèse sur la race humaine, il vous semble alors évident que la saison 3 ne nous laisse pas une seconde de répits et que la saison 4 est attendue avec une impatience difficile à contenir! 

Sortez vos agendas, Liv Moore nous revient le 26 février 2018!

Connaissez-vous iZombie
Avez-vous regardé? 
Qu'en avez-vous pensé? 
D'autres titres de séries à me recommander?

A très bientôt <3
 

dimanche 21 janvier 2018

Les Marvels - Brian Selznick



Tout commence par un voyage en mer en 1766 sur le Kraken où se joue une pièce de théâtre. On suit ensuite l'histoire en image d'une grande famille de comédiens, les Marvels, de génération en génération jusqu'en 1900.
Un siècle plus tard, on découvre l'histoire de Joseph, échappé d'un austère pensionnat. Le garçon vient chercher refuge à Londres chez son oncle Albert Nightingale. Ce dernier vit dans une étrange maison qui semble tout droit sortie d'un autre monde. Joseph décide de percer le mystère de ces lieux...


Après L'invention de Hugo Cabret, j'ai eu grand plaisir à retrouver Brian Selznick dans son tout nouveau roman Les Marvels. Une superbe édition à la couverture rigide et aux pages dorées qui constitue un fabuleux écrin pour une aventure tout aussi enchanteresse.
L'auteur nous livre ici une histoire dans l'histoire, un périple entre fiction et réalité, en images et en mots, dans laquelle la frontière du fantastique s'estompe dès lors qu'on franchit le seuil de cette incroyable demeure.
Une histoire captivante, surprenante, mais aussi touchante et terrible qui nous frappe en plein cœur. L'auteur nous explique dans quelle mesure son roman s'inspire de faits ayant réellement eu lieu et c'est troublant de voir combien il s'est impliqué dans son œuvre pour qu'elle soit digne de l'hommage qu'il souhaitait faire à un ami.
Je ne vous en dirai pas plus au risque de vous gâcher la surprise, mais sachez que la partie rédigée de ce récit, aussi courte soit-elle (200 pages, à peine) m'a tout de même permis de m'attacher aux quelques personnages rencontrés et de m'émouvoir de leur destin.
Et toujours cette ambiance si particulière, réconfortante et mystérieuse, qui vous donne le sentiment d'être tranquillement installé dans un canapé au coin du feu pour accompagner cette fresque familiale unique et fascinante.



Les livres de Brian Selznick sont de merveilleux cadeaux à (s')offrir. Les dessins qui se suffisent à eux-même pour conter de fabuleuses aventures, associés à la plume de l'auteur qui se révèle aussi agréable que son coup de crayon, constituent une expérience à part qui ne peut vous laisser indifférent.

jeudi 18 janvier 2018

Le Retour du héros (2018) - Laurent Tirard


Elisabeth est droite, sérieuse et honnête. Le Capitaine Neuville est lâche, fourbe et sans scrupules. Elle le déteste. Il la méprise. Mais en faisant de lui un héro d'opérette, elle est devenue, malgré elle, responsable d'une imposture qui va très vite la dépasser.
Sortie Nationale le 14 Février 2018

Pour être tout à fait sincère, ce film ne me tentait absolument pas. Je l'ai vu à l'occasion d'une avant-première "surprise" près de chez moi, le titre du film était donc un secret. Eh bien, soit, j'ai passé un excellent moment!

Alors oui, je trouve que Jean Dujardin porte toujours un peu le même style de rôle lorsqu'il s'agit d'un film humoristique, au même titre de Johnny Depp dont j'ai l'impression de voir toujours la même interprétation au fil du temps. Car ici, le personnage est volontairement caricatural, mais j'ai l'impression que cela change peu avec ses autres héros. Je reste mauvais juge le concernant puisque je n'ai jamais vu le film qui lui a valu un Oscar et ne lui ai connu que des rôles comiques mis à part Contre-enquête que j'avais aimé à l'époque. Bref je ne suis pas là pour faire le procès de notre cher Jean qu'au passage, j'aime bien, juste que j'aurais voulu voir quelqu'un de moins évident.


Ensuite il y a Mélanie Laurent. Elle c'est autre chose, je n'ai jamais été une grande fan (tout en la trouvant très chouette dans ses différents films) et là je l'ai trouvée juste extraordinaire! Bon, j'en fait peut-être un peu trop mais pour moi c'est clairement son interprétation du personnage d'Elisabeth qui fait TOUT le film. Sa posture, ses mimiques, ses répliques... Tout m'a semblé parfait. Elle m'a fait rire aux éclats. Elle a su faire monter ce sentiment de révolte que l'on essaie de réprimer lorsqu'on constate avec exaspération la place qu'était celle de la femme à cette époque. Car oui, Elisabeth est une femme qui s'ennuie de cette vie sans surprise, elle rêve d'aventure, elle se refuse à obéir aux règles qu'on lui impose et il lui est bien évidement impensable de tomber sous le charme de ce grotesque Capitaine Neuville dont tout le monde chante les louanges.

Le XIXème siècle dans lequel commence notre histoire, avec ses tenues si représentatives de l'époque et ses codes étriqués auxquels il est un plaisir de se confronter, fait sans peine penser aux romans de Jane Austen dans lesquels il est souvent question de mariage, de menteurs invétérés et de fortes personnalités. Ici on se délecte surtout des dialogues, un véritable enchevêtrement de joutes verbales toutes plus exquises les unes que les autres. Et comme dans Orgueils & Préjugés, c'est Elisabeth qui mène la danse!

Le Retour du héros est une comédie certes sans surprises (j'aurais d'ailleurs souhaité une fin différente et moins prévisible) mais sacrément bien menée qui saura vous faire passer un moment riche en divertissement sans oublier de dénoncer les méfaits de que de beaux parleurs peuvent engendrer en usant un tant soit peu de manipulation.

samedi 13 janvier 2018

Peter Pan - Régis Loisel



// Éditions Vents d'Ouest // 336 pages //

Londres, 1887 : Peter fait rêver ses amis de l’orphelinat en leur contant de fabuleuses histoires jour après jour, se faisant passer pour un petit garçon chanceux attendu par une mère aimante. Pourtant, quand il rentre chez lui, tout n'est que haine et violence. Peter n'aime pas les adultes, il les déteste, il veut ne jamais en devenir un. Le seul à être gentil avec lui, c'est ce bon vieux Monsieur Kandal qui lui offre un livre sur la mythologie ayant appartenu au père de Peter. C'est lorsqu'il se retrouve seul, dans le froid, à feuilleter ses pages que Peter voit une lumière surgir. L'étoile filante qu'il croit avoir capturée est en réalité une fée, une jolie petite fée dont la poussière magique le fait voler pour l'emmener loin, très loin de Londres...
Au premier abord, il pourrait sembler que l’œuvre de Régis Loisel se place loin, très loin du roman de J.M. Barrie. Pourtant, c'est justement en ayant pris connaissance de l’œuvre originale que l'on peut cerner toutes les références qui y sont faites, les éléments qui y ont été pris et développé d'une manière tout autre et pourtant si familière.


La cruauté de Peter Pan, cette insouciante cruauté propre aux enfants, on la retrouve ici sous toutes ses formes. Déjà, Peter a grandit dans un monde impitoyable qu'il a pu affronter grâce à la force de son imagination. Pourtant, lui-même porte cette cruauté en lui, cette insouciance qui ne rend rien véritablement important, qui transforme tout en un jeu oublié dès lors qu'il est terminé. 
Mais s'il est un être dont la cruauté révolte, ce n'est finalement pas Crochet mais bel et bien Clochette. Sa jalousie est sans borne. Et elle parvient à s'en tirer, toujours, car elle connait mieux que quiconque les rouages de l'île qui fait oublier, avec le temps, toute chose à ses habitants... Si vous l'ignorez, les fées sont des êtres si petits qu'elles n'ont de place que pour une émotion à la fois, ce qui explique que ladite émotion prenne le pas sur le reste et les pousse à commettre des choses affreuses de manière impulsive.

L'oubli est d'une importance capitale dans l'histoire. C'est l'oubli qui permet de maintenir pareille insouciance, pareille candeur chez Peter et surtout maintenir la place que Clochette occupe dans son cœur puisqu'il ne lui tiendra jamais rancune. Il en est de même pour sa mère dont il finit par ne plus avoir le moindre souvenir et qu'il réinvente selon son souhait. Malgré tout Peter exprimera énormément de colère et de haine tout au long de ce périple et même si la cause s'effacera peut à peu de sa mémoire, la peine restera tapie tout au fond de lui.

Quand on y réfléchit bien, Peter n'oublie que le mauvais et le douloureux. Il se souviendra de Pan et de Monsieur Kandal, mais pas de la souffrance ni de la peine. Car Peter Pan est une histoire triste, qui fait mal, que le lecteur peine à traverser car lui se souvient de tout. Les dernière pages furent pour moi un déchirement. Quitter cet univers si riche, laisser certains personnages dans l'ignorance des malheurs traversés et d'autres prisonniers d'un cauchemars sans fin... 

Peter Pan de Régis Loisel est une superbe bande dessinée hors du commun au trait superbe et au scénario brillant à côté de laquelle il serait dommage de passer, fan de Peter Pan ou non.
Rejoignez l'aventure!



mercredi 10 janvier 2018

The End of the F***ing World - Saison 1 (2017)


Saison 1 - 8 épisodes (20 minutes)
Channel 4 & Netflix

James (Alex Lawther), 17 ans, est un psychopathe. Du moins, c'est ce qu'il en a déduit après des années à tuer des animaux sans ressentir la moindre émotion avant de décider qu'il était temps pour lui de s'attaquer à quelque chose de plus gros. 
De son côté, Alyssa (Jessica Barden) est une adolescente qui dit ce qu'elle pense, sans le moindre filtre, et ne supporte pas plus ses camarades de classe que sa famille. Elle décide de se lier à quelqu'un d'aussi inadapté qu'elle et jette ainsi son dévolu sur James. Pour ce dernier, l'évidence se présente d'elle-même : Alyssa sera sa prochaine victime.

Dès le départ on pourra penser que TEOTFW est une énième série nihiliste avec des personnages sans foi ni loi dont l'unique but est de critiquer la société de manière intransigeante et pourtant, il n'en est rien. James et Alyssa sont deux gosses paumés qui cherchent seulement un but dans leur vie, une raison de subsister dans ce monde dont le sens même leur échappe tant il est dépourvu de toute saveur.
Ils mènent la vie qu'ils souhaitaient sans le moindre compte à rendre à ces adultes qui n'ont fait que les décevoir. D'une péripétie à l'autre, nos héros changent et se découvrent.

La tournure que prend la série la rend plus surprenante encore suite à un évènement inattendu qui va radicalement changer les projets d'Alyssa et James. Elle détonne par l'évolution de leur relation, si particulière, si touchante, si décalée, si évidente. C'est beau et déchirant, souvent bizarre voire dérangeant, mais toujours parfaitement excellent. Le ton est cynique, parfois carrément outrancier et pourtant il est impossible de passer à côté de la poésie que dégage cette œuvre totalement hors du commun. Nos héros, avant d'entamer leur aventure, souffrent de ne presque rien ressentir et pourtant ce sont des émotions brutes que nous fait éprouver cette série.


Car Alyssa et James sont pris de court, ils ne pouvaient pas s'imaginer l'importance qu'ils finiraient par avoir l'un pour l'autre, au début ils avaient juste besoin l'un de l'autre afin de ne pas être seul, et pourtant...
TEOTFW a beau être une production réservée au petit écran, il faut admettre qu'elle nous offre un pur moment de cinéma, un road-movie dont le couple star rappelle sans mal les inoubliables Bonnie & Clide, le tout servit par une bande son entêtante que l'on ne veut plus quitter une fois les dernière minutes visionnées. Le petit changement de look imprévu ne pourra que rappeler aux fans de Tony Scott les deux inoubliables Clarence et Alabama Worley de True Romance (désolée, j'étais obligée d'en parler >.<).

Je n'en dirai pas plus! TEOTFW a fait un sacré buzz et n'a cueilli que des éloges pourtant elle en décevra forcément d'autres aussi faites vous votre propre opinion et venez la partager avec moi, je serai ravie de connaître vos arguments. Pour ma part, je prie le ciel et l'univers tout entier des séries TV pour que nous ayons un jour une suite digne de ce nom et jusque là je me retire dans mon antre avec le soundtrack de la série dans la tête...

dimanche 7 janvier 2018

Guerre & Paix (mini-série, 2016)


6 épisodes de 60 minutes

En 1805, alors que la Russie est en guerre avec la France, Pierre Bezoukhov (Paul Dano), fils illégitime d'un riche comte, exprime son admiration pour Napoléon auprès de la haute société de Saint-Pétersbourg.

Pendant ce temps, le Prince André Bolkonsky (James Norton), fatigué de la vie en haute société et prisonnier de son épouse enceinte Lise, décide de s'enrôler dans l'armée pour combattre les français.

Natacha Rostov (Lily James) encourage la liaison de son frère Nicolas avec leur cousine sans argent Sonya et rêve d'une vie plus palpitante.


Guerre et Paix est une fabuleuse fresque historique qui marque par ses personnages variés et hauts en couleur auxquels on s'attache sans mal malgré les différences de contexte social et culturel. Nos héros mènent tous, ou presque, une vie qui ne leur apporte pas satisfaction, qu'ils espèrent voir changer de manière radicale, et ils sont prêts à tous les risques pour voir leurs souhaits se réaliser.

Il est aussi intéressant qu'irritant de voir combien les comportements peuvent changer vis-à-vis d'une personne en fonction de sa situation et de son statut social. Les manigances de certains pour entrer dans un cercle, les complots d'autres pour s'enrichir, la pressions exercée par les familles pour que le mariage de leurs enfants soit le plus profitable possible... tant d'éléments qui entravent le bonheur de nos héros qui n'aspirent qu'à une vie de paix et d'amour.

J'ai aimé ces personnages que l'on voit évoluer au cours des années. Ce brave Pierre, un brin naïf, résolument bienveillant, se fera avoir maintes fois par son entourage. Heureusement, il pourra compter sur quelques amis sincères et fidèles qui l'accompagneront tout au long de son épopée.
Que dire d'André, rongé par ses démons et la culpabilité de ne pas avoir suffisamment aimé. Cet être si humain qui œuvre chaque jour afin d'offrir un sens à son existence. Le but atteint n'est-il pas le pardon? J'attends de lire ce que vous en pensez. En attendant, j'ai beaucoup aimé Natacha, à la fois candide, passionnée et irréfléchie qui ne correspond finalement pas au modèle de la jeune femme parfaite qu'elle semble être.


Mon seul petit regret a été le manque de développement quant aux relations qui se nouent à un moment bien particulier de l'histoire, à savoir entre Natacha et un certain jeune homme dont l'idylle lui apportera bien des tourments.
Mis à part cela, j'ai pris énormément de plaisir à regarder cette série que j'ai trouvé magnifique, tant dans sa mise en scène que ses costumes et le jeu de ses acteurs. Je n'ai pas lu le roman et ne dispose pas d'assez de connaissances historiques pour juger du respect de l’œuvre littéraire ou des détails historiques.
J'ai trouvé l'intrigue passionnante, le développement des personnages extrêmement enrichissant et les réflexions posées des plus intéressantes. La fin m'a émue et même si elle m'a semblé prévisible c'est une grande satisfaction que le dénouement ait eu lieu selon mes espérances.

mercredi 3 janvier 2018

Emma - Kaoru Mori


Ki-oon (Latitudes)
Tome 1 - 381 pages
Tome 2 - 384 pages
Tome 3 - 369 pages
Tome 4 - 477 pages
Tome 5 - 447 pages

En Angleterre, à l'époque victorienne, Emma est femme de chambre pour une préceptrice à la retraite. Douce, calme et réservée, la domestique cache un passé douloureux. Lorsque le riche William Jones rend visite à son ancienne gouvernante, il remarque la jeune femme et, peu à peu, des liens profonds se tissent entre eux. 
Le contexte, l'histoire, les personnages, la narration, le dessin, tout est d'une qualité époustouflante dans cette œuvre à part et réellement passionnante. La relation entre Emma et William grandit au fil des pages avec une subtilité inattendue. C'est délicat et apaisant malgré les quelques péripéties que devra traverser notre héroïne, maintenant toujours la tête haute. Il n'est pas question que d'eux, mais aussi de leurs proches, famille et amis, de leur passé lointain ou présent incertain. C'est peut-être le seul défaut que l'on rencontre au cours de ces différents volumes : la transition entre les époques et personnages est parfois trop abrupte et il faut un temps pour ce recentrer sur le contexte du chapitre en question. 


Difficile d'imaginer qu'il s'agit du premier manga de l'auteure. Chaque planche est un émerveillement. Le graphisme est impeccable et parfait pour illustrer ce récit ancré dans l'époque victorienne. Chaque détail compte et le moindre trait est capable de nous faire ressentir toute une palette d'émotions que l'on ne se serait pas attendu à voir surgir. 
Les moments d'intimité que partagent Emma et William (ou les autres couples que l'on croise ou qui se forment au cours du récit) parviennent à nous faire retomber amoureux encore et encore de leur histoire qui semble vouée à l'échec, destiné à la tragédie, désespérément interdite, et pourtant...
Je regrette un peu qu'on s'écarte de ces deux héros pour se centrer sur d'autres personnages même si j'ai adoré découvrir la vie de ces derniers.


Cette lecture fut pour moi un véritable bonheur, un ravissement de bout en bout qui m'a donné grande envie de découvrir d'autres mangas de l'auteure. C'est ainsi que je sais dores et déjà que l'une de mes prochaines lectures sera Bride Story dont je n'ai lu que des éloges.
Passionnés des romans de Jane Austen ou des séries telles que Donwton Abbey ou autres productions de Julian Fellowes, ne passez pas à côté d'Emma qui vous fera certainement passer un moment exquis en plus de peut-être vous faire découvrir les particularités du manga si vous ne vous êtes pas encore adonné à ce type de lecture.
En vous souhaitant de belles lectures...

Inséparables - Sarah Crossan



Grace et Tippi, deux sœurs siamoises qui vont faire leur première rentrée au lycée. Elles craignent les regards, les moqueries, le rejet... et pourtant, contre toute attente, elles découvrent l'amitié et l'amour. 

Ce livre partage avec nous les quelques mois d'une vie différente que Grace et Tippi n'échangeraient pour rien au monde. Elles sont nées ainsi, elles sont deux et une à la fois, elles vivent ce que personne ne peut comprendre, ce que personne ne leur envie et pourtant elles sont heureuses ainsi. Elles sont deux pour affronter les remarques blessantes, le cruel manque de tact de certains, les déceptions amoureuses, le harcèlement des médias et leur délicate situation familiale.
J'ai été touchée par la famille de Grace et Tippi qui a tout sacrifié pour la santé de ses enfants. C'est peut-être ça qui leur apporte le plus de peine : savoir qu'elle sont responsables du malheur de ceux qu'elles aiment. Et pour réparer cela, elles sont prêtes à tout.
Cette situation semble si injuste. Grace et Tippi ne souffrent pas du fait d'être des sœurs siamoises, mais ce sont les répercutions de cette particularité qui leur cause du tord : le coût exorbitants des soins nécessaires, la maladresse voire la malveillance des gens à leur encontre, le sentiment de ne rien pouvoir garder pour elles seules.
Pourtant, au milieu de tout cela, Grace et Tippi vont vivre de fabuleuses expériences fortes et vraies, ces petites choses anodines du quotidien qui rendent le monde si exaltant.  
Les mots que l'on lit sont ceux de Grace. Ses pensées, ses sentiments, sont ainsi rédigés en vers, le récit se déguste sans faim et les pages se tournent en un souffle. 
Difficile de trouver les mots qui rendront justice à cette histoire aussi authentique que bouleversante, tant par ses personnages que son déroulement et les thèmes abordés. Cette lecture m'a beaucoup fait penser à Wonder de R.J. Palacio dont la lecture m'avait enchantée.
Je ne peux que vous encourager à découvrir cette petite merveille qui se lit rapidement, qui chavire le cœur et rappelle à chaque page que toute existence quelle qu'elle soit a son importance et doit être respectée comme telle. 

mardi 2 janvier 2018

Culottées - Pénélope Bagieu


Volume 1 (144 pages)
Volume 2 (166 pages)
Éditions Gallimard Bande dessinée 

Culottées de Pélélope Bagieu est une œuvre en deux volumes de bandes dessinées dans laquelle elle conte la vie de femmes plus ou moins célèbres qui ont toutes en commun de s'être battues pour mener la vie qu'elles avaient choisie. Certaines sont nées avec des facultés particulières, qu'il s'agisse d'une barbe, d'une intelligence supérieure ou d'une pathologie handicapante... elles se sont montrées culottées. Qu'importe la condition de la Femme dans leur pays, à leur époque, elles se sont battues pour la changer, montrer qu'elles existaient autrement, à leur façon. 
Le trait de Pénélope Bagieu, sa plume qui agrémente le récit facilite la lecture de certaines histoires dont la violence est moralement insoutenable. Elle ne banalise pas, n'atténue pas cette violence avec l'humour, mais permet par ce biais de la supporter en nous rappelant que ces femmes-là ont réussi à surmonter tout cela.
Sur un plan purement artistique, le dessin de Pénélope Bagieu est un régal pour les yeux, le découpage de ses planches colle à la perfection aux récits qu'elle nous propose et chaque chapitre se conclu par une somptueuse image en double page.
Certaines histoires vous feront sourire, rire, vous feront monter les larmes aux yeux, beaucoup vous révolteront, toutes vous rendront fières d'être femme et d'avoir cette possible force en vous de faire bouger les choses.
Le second volume semble plus engagé, avec des histoires de femmes dont le vécu est plus révoltant, dénonce plus encore les injustices que certaines femmes ont du subir, il en est de ce fait plus dur à lire mais tout aussi passionnant.


Les Culottées font grandir, réfléchir, elles sont à offrir, partager, prêter, discuter. 30 histoires de vies qui pourraient changer la vôtre. Un petit bijou qui s'ajoute au beau monde de la bande dessinée et de la littérature féministe.