mercredi 24 mars 2021

Ginny & Georgia - Saison 1 (2021)


Bon, okay, c'est dit : j'ai a-do-ré.
"Ginny & Georgia" est une série créée par Sarah Lampert pour Netflix qui compte actuellement une saison de 10 épisodes.

Georgia vient s'installer à Wellsbury avec ses enfants, Ginny et Austen, suite au décès de son mari dont elle est l'unique héritière de sa fortune. On alterne entre événements du présents et flashback qui révèlent des éléments du passé de Georgia qui s'est retrouvée mère à 15 ans et a dû se battre pour s'en sortir.

Ce qui m'a énormément plu dans cette histoire, ce sont les personnages que j'ai trouvé variés et extrêmement bien construits, sans manichéisme.
À aucun moment on n'essaie de trouver d'excuse à Georgia. Elle a fait ce qu'elle devait pour s'en sortir le moment venu, quels que soient les moyens employés, aussi discutables et illégaux soient-ils, et rien ne peut l'empêcher de parvenir à ses fins.

Ginny m'a souvent exaspérée et en même temps j'ai trouvé que c'était un excellent personnage : brillante, passionnée, impulsive, révoltée envers la société, sa mère et elle-même, débordante d'amour pour sa famille et ses amis malgré ses insécurités permanentes (et elle se révèlera aussi bien des fois carrément problématique).

Mais clairement, mon cœur a complètement chaviré pour les jumeaux, Marcus et Maxine, qui vont être les deux êtres auxquels Ginny va le plus s'attacher et qui vont lui rendre cette affection au centuple, avec leur maladresse et les inévitables malentendus de la vie. Maxine est une jeune femme qu'on pourrait qualifier d'excentrique mais elle est surtout terriblement attachante et d'une authenticité inouïe. Marcus est presque son opposé, à garder tout pour lui, et malgré mes réticences à son égard au début j'ai bien fini par me laisser séduire (on en parle de ce regard, là?).

Bref, un sans faute pour moi malgré un dernier épisode légèrement en dessous des autres à mon sens, la faute à des réactions que j'ai trouvé complètement excessives de la part de certains personnages face aux différentes révélations qui ont lieu (sauf Ginny qui, pour une fois, me semble assez posée et réfléchie dans ses décisions).

Cette série, malgré son côté un brin WTF osé aborder sans détour pas mal de problématiques adolescentes avec beaucoup de justesse, comme les premiers rapports sexuels (en passant par le plaisir, la contraception...), les comportements à risque, la santé mentale (attention, il est question de dépression, idées suicidaires et automutilation), le besoin de trouver sa place au sein d'un groupe social... avec ces moments durant lesquels Ginny et Hunter parlent de leur confrontation personnelle au racisme qu'ils subissent, un élément qu'ils partagent et à la fois qui les opposent.

Le personnage d'Abby est assez mystérieux et complexe dans son rapport à son propre corps mais aussi dans sa relation aux autres, j'espère qu'on en apprendra plus sur elle par la suite car son ambivalence m'a pas mal perturbée.

Bref... j'ai réussi à vous en parler sans vous spoiler. Il y a beaucoup de personnages secondaires que j'ai beaucoup aimé comme Ellen, Zion, Paul et Joe mais je n'aurais jamais la place pour en parler !

En somme, une série à mi-chemin entre la love story pour ado et le thriller qui a su m'émouvoir (okay, il en faut pas beaucoup) et me faire rire (je plaide coupable là aussi) mais aussi me surprendre. Je m'attendais à une pâle copie de "Gilmore Girls", j'étais bien loin du compte !

Connaissez-vous "Ginny & Georgia"?
Cette série vous tente?
Quelle est votre série du moment?


mercredi 3 mars 2021

Parler comme tu respires - Isabelle Pandazopoulos


// Editions Rageot //
// 320 pages //

Depuis son entrée au CP, Sybille bégaie.
À la fin de son année de Troisième, elle doit faire un choix d'orientation et celui-ci sera bien éloigné de ce que son entourage avait envisagé pour elle.

Il s'agit là d'un roman très riche, porteur de nombreux messages, abordant bien des sujets si bien que je ne lui aurais pas boudé quelques pages en plus !
J'avais peur que le bégaiement de Sybille ne soit qu'un prétexte tire-larme pour conter comment une victime de la vie fait face à l'adversité mais il n'en est rien.

Sybille déteste qu'on l'appelle "Sissi", surnom qu'on lui a donné suite à des moqueries, pour simplifier son prénom qu'elle n'arrivait pas à prononcer.
Elle ne supporte pas cette oppressante attention dont elle fait constamment l'objet de la part de ses parents inquiets.
Elle hait qu'on la ménage, qu'on la traite comme une pauvre petite chose fragile.
Car Sybille est une adolescente brillante, passionnée, authentique, qui ressent bien plus de colère que de peur contrairement à ce que l'on peut croire. Ainsi grandi en elle une violence dont elle ne se serait jamais crue capable.
Et elle atteint un point de non retour.

Je ne vais pas aller plus loin dans les révélations mais elle fera face au harcèlement, aux non-dits, aux mensonges, au deuil, à la rancœur mais aussi au désir, à l'amour et à sa propre reconstruction.

J'avoue que la relation entre une ado de 16 ans et un adulte de 21 m'a dérangée. C'est évidemment un avis personnel. On n'entre pas dans les détails mais cet écart d'âge n'était pas nécessaire à mon sens.

Sybille a souffert d'être surprotégée - par des parents et amis ô combien aimants - et elle quitte tout pour trouver sa voie mais aussi gagner son indépendance. Alors, oui, qu'elle sorte avec un jeune homme de 21 ans m'a questionnée. A 16 ans et 21 ans on n'en est pas au même point, on n'a pas les mêmes préoccupations ni les mêmes attentes. Balthazar a beau être le garçon le plus doux, gentil et respectueux de la Terre, leur relation n'en demeure pas moins bancale à mon sens. Bancale pour quelques années en tout cas, l'écart s'estompant nécessairement avec le temps. Il a 5 ans de plus, il est majeur, considéré comme un adulte, a bien plus d'expérience qu'elle (sur le plan professionnel, affectif, sexuel). Cela m'aurait frappée de toute manière mais plus encore dans le contexte dépeint par ce roman, avec le vécu de Sybille et ce qu'elle traverse dans ces pages. 

Fort heureusement, ce n'est pas ce à quoi j'ai accordé le plus d'attention car ce que j'ai vraiment aimé, c'est ce parallèle entre la parole et la sculpture, la manière dont Sybille va user de ses mains pour s'exprimer et se révéler. La plume de l'autrice, l'étendue du champs lexical employé pour décrire la rencontre entre Sybille et la pierre, sont un véritable délice. C'est très visuel et à la fois presque viscéral tant le ressenti de notre héroïne est saisissant. Elle va panser ses blessure en modelant la pierre. Outre le fait que cela nous ouvre les yeux sur un monde à part, j'ai trouvé tout cela poétique et salvateur.

En somme une lecture très plaisante, une héroïne battante et un art trop méconnu que j'ai adoré découvrir à travers ces quelques mois d'école aux côtés de Sybille.

Un grand merci aux Éditions Rageot pour l'envoi de ce livre (dont on admire la beauté de la couverture).