vendredi 21 avril 2017

13 Reasons Why - Saison 1 (2017)


THIRTEEN REASONS WHY
Netflix
Saison 1 - 2017
13 épisodes

Quelques mots sur le roman
La dernière série de Netflix est tirée de Treize Raisons écrit par Jay Asher. Je l'avais lu lors de sa première publication française chez Wiz en 2010. J'en ai un souvenir sombre, avec des personnages qui m'ont mise mal à l'aise, auxquels je n'ai pas réussi à m'attacher ainsi qu'un sentiment d'incompréhension. Pourtant, c'est depuis cette époque que je me suis sentie concernée et ai souhaité m'informer sur le "harcèlement scolaire" (comprenant violence morale, verbale, physique...). C'est malheureusement tout récemment que ce sujet n'est plus considéré comme "de simples enfantillages" mais comme un véritable fait de société d'une gravité à ne plus négliger.  

Le commencement (que tout le monde connait déjà...)
Clay Jensen, un adolescent sans histoire, reçoit un paquet contenant 7 cassettes audio dont les faces sont numérotés de 1 à 13. Lorsqu'il commence alors à écouter la première face, il entend la voix de Hannah Baker, cette fille de son lycée qui s'est suicidée il y a quelques semaines. Elle annonce dans l'enregistrement qu'elle a décidé de révéler ce pourquoi elle a mis fin à ses jours. Treize faces pour treize raisons. Treize faces pour treize personne. Et celui qui écoute ces cassettes et l'un d'elles.


Mon ressenti à froid après avoir visionné le treizième épisode
Là, tout de suite, je me sens mal. Parce que c'était violent, cruel et terriblement réaliste. Parce que les créateurs de la série n'ont pas voulu enjoliver les choses, nous faire croire à un rayon de soleil qui n'existe pas. Non. Hannah a souffert avant de se briser, ne plus rien ressentir, et appuyer sur le bouton STOP.
Si cela ne tenais qu'à moi, j'inscrirai cette série au programme scolaire. Bon, peut-être pas certains épisodes, certaines scènes, parce que c'est trop, vraiment insoutenable, et on n'a pas tous besoin de ça pour comprendre le mal que l'on peut faire malgré soi.
Mais bon sang, c'était tellement douloureux. Tous ces regrets, ces actes manqués, ces mots lâchés, ces regards évités. Les conséquences sont insoupçonnables, et pourtant... les répercussions fatales et des vies sont brisées.

Thirteen reasons why peut sembler être un énorme big mac des pires situations qui puissent se présenter. Ce qui arrive à Hannah est une accumulation d'évènements en apparence surmontables s'ils n'avaient pas lieu successivement, de cette manière, dans cet ordre et ces circonstances. Une autre personne n'aurait peut-être pas mis fin à ses jours, une autre l'aurait fait bien plus tôt et n'en aurait pas supporté autant. Je me suis d'ailleurs beaucoup questionnée sur la vie d'un personnage qu'on aperçoit peu mais qui a son importance : Skye. Sa vie, ses souffrances auraient pu la mener à prendre la même décision que Hannah. Et pourtant... nous sommes tous différents.
C'est ce qui est dur avec cette série. Dès la début, on sait que Hannah a mis fin à ses jours et très rapidement comment elle s'y est prise. Pourtant, au fil des épisodes, on s'attache à elle, on a envie de l'aider, lui dire qu'elle devrait éviter de fréquenter telle personne, se rendre à tel endroit. On a envie de la protéger, lui crier que tout ça n'est qu'un malentendu, que d'autres se sentent seuls et malheureux, qu'elle-même saurait leur rendre le sourire, et surtout qu'il y a un type bien qui l'aime et qu'elle aimera peut-être. 

Alors quand l'inévitable se produit, c'est violent, c'est atroce et même insupportable. Parce que savoir est une chose, voir en est une autre. Et la mort de Hannah Baker est la scène la plus terrible que j'aie pu voir dans une série télévisée. Parce qu'on n'a pas droit à une scène poétique sur la délivrance que la mort apporte à celle qui veut perdre la vie, non. Elle meurt terrifiée, seule, malheureuse et c'est les mêmes sentiments que connaissent ses parents, quelques minutes voire quelques heures après lorsqu'ils comprennent que c'est trop tard. 


Ce que cette série m'a apporté

J'ai retenu qu'une chose bouffe chaque personnage de cette série : le regret. On fait tous des erreurs. Parfois terribles. Elles nous font honte, nous hantent. L'erreur qu'ont commise ces treize personnes n'est pas forcément celle à laquelle ils pensent. Ce n'est pas d'avoir trahie, humiliée, abandonnée Hannah Baker. C'est de ne pas s'être excusé, de ne pas lui avoir expliqué, ne pas avoir dit la vérité. L'une des erreurs d'Hannah elle-même fait partie des raisons qui l'ont poussée à commettre l'irréparable. Une erreur qu'elle pense ne jamais pouvoir réparer et qui va la poursuivre jusqu'à la fin.
Autre point important : les treize personnes responsables de la mort de Hannah souffrent. Ce ne sont pas toutes de mauvaises personnes qui ont fait de mauvaises choses. Certains ont d'ailleurs une vie merdique avec laquelle ils composent comme ils peuvent, et parfois les autres en pâtissent. 
Voilà ce que j'ai retenu en premier, le regret tue. Alors il faut déclarer son amour, demander pardon, oser sourire, crier à l'aide, lutter contre l'injustice, se battre pour la liberté, tendre la main et croire qu'un meilleur lendemain est possible.

Thirteen reasons why parle de harcèlement scolaire, un terme que l'on entend souvent ces derniers temps, qui a percé, est enfin entendu et reconnu. Ce terme va englober un grand nombre de notions taboues, tues et délaissées. Alors ça ne plait pas à tout le monde que, dans une série d'adolescent, on pointe du doigts de manière aussi crue le sexisme, le viol, l'homophobie... Parce que oui, les filles, à seize ans, sont déjà des objets pour certains garçons. Parce que bon nombre d'entre eux n'ont pas conscience de combien cette image est violente pour les femmes malgré le sourire qu'elles gardent sur les lèvres pour faire comme si de rien n'était. Et la solitude. Ce vide sans fin que ressent Hannah quand elle expose clairement ce qu'il s'est passé et que l'enfer qu'elle vit est négligé et remis en question. Comme si toute cette souffrance en elle était sans importance, alors la seule solution est de ne juste plus rien ressentir. 

J'ai beaucoup aimé le personnage de Clay. Parce que ce garçon est pur. Il est comme le phare qui nous guide au cœur de toute cette folie. Sa colère et sa détresse sont les nôtres. Il a un peu le profil du type invisible auquel personne ne fait attention, mais qui, lui, fait attention aux autres. Il est révolté face à l'injustice, et contrairement à ce que laisse supposer les premiers épisodes, il est le seul qui va agir et se battre pour que la vérité éclate et prendre des risques quel qu'en soit le prix.
Apparte concernant les choix de mise en scène controversés
Je sais que l'une des scènes finales ainsi que les passages de sexe particulièrement violent et choquant ont fait débat sur le net, et je le comprends. Seulement, les créateurs n'ont visiblement pas voulu d'une énième série divertissante pour pour les ados avec drame et divertissement agrémenté d'acteurs sexy en diable. Moi je vois cette série comme un coup d'éclat, une véritable dénonciation.
Combien de fois voit-on des scènes de sexe "un peu forcées" mais tolérées parce que le mec est beau, séduisant mais finalement gentil et torturé? Bien trop souvent. Et aucune excuse ne doit être acceptée. Alors on nous livre la vérité sur un plateau d'argent : une scène dans laquelle un homme force une femme, même s'ils sont jeunes et beaux dans un cadre romantique, c'est un viol, point.
Non, le suicide n'est pas un moment poétique emplis d'une musique apaisante où la libération laisse place à un nuage de paix. On ne s'attend pas à ces images aussi insoutenables que les derniers mois qu'a subit Hannah.
Alors bien sûr, cette série n'est pas à mettre en toute les mains, et doit être réservée à un public averti et tant qu'à faire qui n'a pas vécu de traumatisme parce qu'un visionnage ne risque pas d'arranger les choses.
Mais dans cette série, sur ces sujets là, je pense que le choix des créateurs est un mal nécessaire et j'espère qu'elle fera partie des œuvres qui dénoncent et aident des gens à s'en sortir, d'autres à réfléchir avant de faire du mal ou au moins à faire naitre la volonté d'arranger les choses par la suite.

La série elle-même
Histoire de terminer sur une note un peu plus joyeuse : la réalisation est parfaite, il n'y a aucun temps mort, le récit est parfaitement rythmé et on n'a certainement pas envie que l'aventure s'arrête. Parce qu'on s'attache à certains personnage, on apprend à en aimer certains et en détester d'autres. Et cette bande son sublime dont on veut garder chaque morceau sur son potable... Les acteurs ont été choisis à la perfection et remplissent leur rôle avec brio. Bref, Netflix a fait fort, très très fort.

Je vous libère et remercie les lecteurs courageux qui sont venus à bout de mon article
13 Reasons Why n'est pas une série à regarder en mode cocooning. Vous allez souffrir, vous questionner, vous attacher, peut-être même pleurer, vous rappeler, vouloir oublier. Et puis vous vous direz peut-être que, à votre manière, vous ferez votre possible pour vous battre, qu'il n'y ait plus de Hannah Baker. Vous aller peut-être vouloir transmettre un message à vos amis, vos enfants. peut-être écouterez-vous avec plus d'attention cette personne qui se confie à vous. Peut-être que vous ne rirez pas à la blague d'un collègue parce qu'elle est blessante vis-à-vis d'un autre. Peut-être qu'après avoir visionné le dernier épisode, vous attacherez plus d'importance à ces petits détails anodins et insignifiants de la vie de tous les jours parce qu'ils vous rappelleront que vous êtes vivant et que cela a de la valeur tant que vous souhaitez le rester.

J'arrête mon monologue de sage tibétain qui ne veut plus rien dire, il est minuit passée, je suis à la fois déprimée et exaltée (si, si, c'est possible!) alors je vous souhaite une bonne nuit même si vous lirez cette article une fois le soleil levé. 

J'attends vos retour sur cette série, j'aimerai même ouvrir une discussion fermée sur la page pour en discuter, débattre de tous ces sujets, et continuer à échanger!

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