vendredi 1 novembre 2019

Joker (2019) - Todd Phillips


En 1981, à Gotham City. Arthur Fleck travaille dans une agence de clowns. Méprisé et incompris, il mène une vie en marge de la société et vit dans un immeuble miteux avec sa mère Penny. Un soir, il se fait agresser dans le métro par trois hommes, le poussant à les tuer en retour. 
Quelle surprise de constater que ce film consacré au plus célèbre méchant de DC comics ait fait couler autant d'encre, sinon plus, que les dernières parutions Marvel sans pour autant être un film de super héro!
Certains jugeront que Joker est une critique bien facile de la société ou d'autres l'accuseront de faire l'apologie de la violence mais pour ma part le film ne correspond à aucune de ces deux déclarations. 
J'ai aussi été surprise de lire autant d'avis enthousiastes le qualifiant de "magnifique!" tandis que je suis sortie de ma séance le moral dans les chaussettes et le cœur en miettes.

Oui, c'est un fait, sous ses airs de thriller psychologique innocemment égaré dans une ville fictive, Joker dénonce les travers de notre société, mais pas forcément ceux qui semblent les plus évident. Loin de pointer les écarts entre les riches et les pauvres comme beaucoup avant lui, Joker met en lumière l'absence, bien pire que celle d'une utopique égalité, d'humanité.
On en défend de grandes causes à la télévision, mais qu'en est-il des entre-deux, des laissés pour compte, les pauvres qui n'ont pas le droit de se plaindre parce qu'ils ont un endroit où dormir? Les malades dont on ne voit rien puisque c'est dans leur tête? Ceux qui sont passé à tabac mais ont eu la chance de ne pas être tués?


Arthur est un homme sans véritable relation, qui vit seul avec sa mère depuis une éternité. Dès les premières minutes, il est victime d'un vol, puis d'une agression physique avant qu'on ne lui ri au nez à l'évocation de ce malheureux épisode et à aucun moment on ne lui vient en aide. Gotham City, la ville de Batman me direz-vous... mais est-elle véritablement différente de celles que l'on connait?
Cet homme entre deux âges est aussi porteur d'un handicap non reconnu qui l'amène à subir le regard méprisant et accusateur des autres face à un comportement inhabituel immédiatement associé à quelque chose de mauvais.
Qu'importe qu'il soit gentil et souhaite faire le bien autour de lui.
Et la solitude, chaque jour qui passe, le ronge un peu plus.
Lorsque Arthur Fleck se rend coupable d'un triple meurtre, l'accent est mis sur le statut social de ses victimes mais est-ce le véritable problème ici soulevé? Trois hommes s'en prennent à une femme, celle-ci disparaît, ils changent de proie. Cette proie, c'est Arthur, dont l'existence a déjà été trop rudement menée. Cela excuse-t-il son acte? Certainement pas. Pourtant, il lui est libérateur de mettre un terme à cette souffrance d'un simple geste.

C'est là que le Joker naît.
Quand il réalise que le chaos dans lequel il vit est moins pénible à traverser en agissant, quitte à détruire. Il apparaît, dans cette guerre au cœur de la ville, dans cette explosion de lumières et de couleurs macabres maîtrisée avec génie par un metteur en scène qui a su faire de ce film une merveille esthétique.


Ce film qui pointe du doigt la violence physique et morale que l'Homme fait subir à ses semblables n'aurait jamais eu le même impact sans la prestigieuse prestation de Joaquin Phoenix, tour à tour vulnérable, effrayant, déchirant d'émotion et terrifiant de cruauté.
Son implication pour rendre le Joker plus réel que jamais parle d'elle-même car il s'est renseigné et a visionné de nombreuses vidéos de personnes atteintes de rire prodromique ou pathologique, affection résultant d'un syndrome pseudo-bulbaire qui peut être occasionné par une multitudes d'atteintes neurologiques (AVC, sclérose en plaque, etc.).
Je trouve assez brillant d'avoir rendu le rire du Joker, jusqu'à présent associé à une hilarité cruelle, aussi triste que son personnage puisqu'il ne traduit à aucun moment de la joie, ni une réelle euphorie.
Mais cela, personne ne le voit, ni n'essaie de comprendre.

Ce film commence dans la douleur et se termine dans la douleur, mais parvient au milieu à nous faire passer tout un tas de messages, à nous faire réfléchir sur ce monde souvent chaotique dans lequel on vit, mais aussi sur nous-même et le genre de personne que l'on choisit d'être. 

Après plus de six mois d'absence je reviens avec un article qui sonne plutôt pessimiste mais comprenez bien que j'ai trouvé ce film véritablement fort et important et que parfois les ténèbres ne sont qu'un détour pour revenir vers la lumière.

En vous souhaitant une belle soirée!

3 commentaires:

  1. Joli article Marie et encore une fois bon retour sur le blog <3

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  2. Eh bien, voici un grand film de bande dessinée que j'ai aimé https://libertyland.cloud/ Je l'ai regardé ici et ne le regrette pas, le site est tout simplement merveilleux dans tous les sens

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  3. Je ne suis pas la seule à avoir ressenti son rire comme tu l'a décris :O ! Un très bel article !

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