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dimanche 29 avril 2018

L'Oeil d'Abaddon - Keren Nott


C’est la fin du monde. Pas de doute, nous y sommes.

J’avais appris à craindre les catastrophes naturelles, l’ire légitime de la Terre que nous détruisons chaque jour un peu plus. Perdu.

C’est autre chose qui causera notre perte à tous, quelque chose de plus grand, quelque chose de plus beau encore que la planète nous vouant au néant, excédée par nos dernières conneries, lassée du nucléaire, de la pollution, de la consommation à bâtons rompus.

La lumière… Nous qui de tout temps avons craint les ténèbres, c’est son antithèse que nous redoutons aujourd’hui.

Il est l’heure pour nous, Terriens, de nous résigner. Rien ne sert d’avoir peur, de se plaindre, de se battre. La fin est proche, et elle n’épargnera personne.
Si vous me suivez, je suis plutôt branchée young adult et romance. Et de temps en temps, j'aime sortir des sentiers battus, partir à la découverte de nouveaux horizons! Mais je l'avoue, je ne suis pas non plus une grosse aventurière. Les deux derniers thrillers que j'ai lu avaient été écrits par Sarah Pinborough (auteure des Contes du Royaume) et Amy Engel (à qui l'on doit The Book of Ivy). 
Là, c'est pareil. Je n'ai pas hésité à me plonger dans L'Oeil d'Abaddon.
Parce que c'est Keren Nott.
Parce que c'est Underground.

L'horreur frappe dès les premières pages, à Prague, où démarre notre histoire. Vlad, un adolescent au quotidien tranquille va tout perdre en une fraction de seconde. Dragan, un homme qui se croit sans avenir va voir s'ouvrir les portes d'une nouvelle ère dans laquelle il tient enfin une vraie place.
Tout au long du récit, nous suivons le chemin qu'empruntent Vlad et Dragan, chacun de leur côté.
L'un gagnant en ténacité et en courage pour sauver sa vie, l'autre en violence et en cruauté pour prendre celle des autres.
Comme je m'y attendais, ce fut un régal de retrouver la plume de Keren Nott. Une prose agréable et fluide au vocabulaire riche et soigné. Cela suffit à rendre la lecture délicieuse même lorsque l'action prend son temps pour se montrer. Car l'extinction de la race humaine prend du temps. Elle en terrifie une part et en libère une autre.
Vlad sera confronté à certains des plus ignobles vices de l'Homme lorsque la dépravation de celui-ci n'est plus entravée par une quelconque loi. C'est lorsque toutes les règles sont abattues que chacun dévoile son véritable visage. Celui de Vlad en viendra à l'horrifier, mais son courage et sa loyauté n'auront de cesse de prendre le pas sur le reste, son grand cœur bravant les épreuves qui se dresseront sur son chemin (il est adorable ce garçon mais il ne lui arrive vraiment que des mésaventures abominables!). 
Dragan, de son côté, ne gardera de sa vie antérieure qu'un sentiment de haine et de rejet. C'est dans cette violence qu'il en vient à éprouver des sentiments d'autant plus fort qui le rapprochent le plus de ce qui lui reste d'humain.
C'est dans ce nouveau monde où la mort est partout que la vie devient la quête de tous.
Au prix de la mort (cela fait très solennel mais c'est ainsi que j'ai vécue ma lecture!).

Bon. J'ai souffert de voir disparaitre bon nombre de personnages auxquels je m'étais déjà attachée! Mais la fin du monde ne peut pas avoir lieu sans quelques dommages collatéraux, c'est certain. De même que cette épopée ne se fera pas sans effusions d'hémoglobine alors si vous ne supportez pas la vue d'un épisode de Game Of Thrones, passez votre chemin! Car celui-ci sera long et tortueux, vous menant à un dénouement à vous décrocher la mâchoire (et vous demander s'il y aura une suite?).

A nouveau une réussite pour Miss Nott que j'avais découverte il y a tout juste deux ans grâce à Je suis un monstre dans la même maison d'édition (dont vous trouverez les titres en format papier et epub ICI). Un titre captivant, glaçant, horrifiant qui met à nu l'être humain dès lors que celui-ci se voit mené à sa propre perte. J'attends patiemment une prochaine parution... Et vous, adeptes de romans sombres et torturés, soyez curieux! Pour ma part, après ces deux lectures réjouissantes je m'en vais lire une petite réécriture de conte, tiens (en prenant le risque de tomber sur une Blanche-Neige un brin psychopathe, on n'est plus à l'abri de rien).
En vous remerciant de m'avoir lue...

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