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samedi 13 janvier 2018

Peter Pan - Régis Loisel



// Éditions Vents d'Ouest // 336 pages //

Londres, 1887 : Peter fait rêver ses amis de l’orphelinat en leur contant de fabuleuses histoires jour après jour, se faisant passer pour un petit garçon chanceux attendu par une mère aimante. Pourtant, quand il rentre chez lui, tout n'est que haine et violence. Peter n'aime pas les adultes, il les déteste, il veut ne jamais en devenir un. Le seul à être gentil avec lui, c'est ce bon vieux Monsieur Kandal qui lui offre un livre sur la mythologie ayant appartenu au père de Peter. C'est lorsqu'il se retrouve seul, dans le froid, à feuilleter ses pages que Peter voit une lumière surgir. L'étoile filante qu'il croit avoir capturée est en réalité une fée, une jolie petite fée dont la poussière magique le fait voler pour l'emmener loin, très loin de Londres...
Au premier abord, il pourrait sembler que l’œuvre de Régis Loisel se place loin, très loin du roman de J.M. Barrie. Pourtant, c'est justement en ayant pris connaissance de l’œuvre originale que l'on peut cerner toutes les références qui y sont faites, les éléments qui y ont été pris et développé d'une manière tout autre et pourtant si familière.


La cruauté de Peter Pan, cette insouciante cruauté propre aux enfants, on la retrouve ici sous toutes ses formes. Déjà, Peter a grandit dans un monde impitoyable qu'il a pu affronter grâce à la force de son imagination. Pourtant, lui-même porte cette cruauté en lui, cette insouciance qui ne rend rien véritablement important, qui transforme tout en un jeu oublié dès lors qu'il est terminé. 
Mais s'il est un être dont la cruauté révolte, ce n'est finalement pas Crochet mais bel et bien Clochette. Sa jalousie est sans borne. Et elle parvient à s'en tirer, toujours, car elle connait mieux que quiconque les rouages de l'île qui fait oublier, avec le temps, toute chose à ses habitants... Si vous l'ignorez, les fées sont des êtres si petits qu'elles n'ont de place que pour une émotion à la fois, ce qui explique que ladite émotion prenne le pas sur le reste et les pousse à commettre des choses affreuses de manière impulsive.

L'oubli est d'une importance capitale dans l'histoire. C'est l'oubli qui permet de maintenir pareille insouciance, pareille candeur chez Peter et surtout maintenir la place que Clochette occupe dans son cœur puisqu'il ne lui tiendra jamais rancune. Il en est de même pour sa mère dont il finit par ne plus avoir le moindre souvenir et qu'il réinvente selon son souhait. Malgré tout Peter exprimera énormément de colère et de haine tout au long de ce périple et même si la cause s'effacera peut à peu de sa mémoire, la peine restera tapie tout au fond de lui.

Quand on y réfléchit bien, Peter n'oublie que le mauvais et le douloureux. Il se souviendra de Pan et de Monsieur Kandal, mais pas de la souffrance ni de la peine. Car Peter Pan est une histoire triste, qui fait mal, que le lecteur peine à traverser car lui se souvient de tout. Les dernière pages furent pour moi un déchirement. Quitter cet univers si riche, laisser certains personnages dans l'ignorance des malheurs traversés et d'autres prisonniers d'un cauchemars sans fin... 

Peter Pan de Régis Loisel est une superbe bande dessinée hors du commun au trait superbe et au scénario brillant à côté de laquelle il serait dommage de passer, fan de Peter Pan ou non.
Rejoignez l'aventure!



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